A quoi s'en prennent les "jeunes" de nos banlieux, quel est l'objet de
leur haine aveugle ?
Sont-ils des iconoclastes qui feraient périr par le feu nos
idoles ? Quand on s'attaque à des bus, à quoi
s'attaque-t-on ? Aux symboles du lieu commun, à ce qui nous
réuni tous : la République.
Pourquoi ?
Parce-qu'ils s'en sentent exclus et donc veulent en dénoncer
le mensonge ? Ou bien parce que cela est aussi la Loi Commune qui fait
tâche dans leur monde limité, clanique et tribal ?
Je ne crois pas qu'ils s'attaquent à une injustice dont ils
seraient les victimes. Plutôt veulent-ils affirmer leur
puissance et pour cela il s'agit de mettre à bas tous les
symboles de l'autorité, c'est-à-dire de la
République.
Quel scandale en effet que d'obéir à une loi
commune ! N'est-ce-pas eux qui depuis toujours, dans leur famille,
à l'école, dans leur quartier font et
défont la Loi ?
Alors que faut-il faire ? Il faut sortir de l'idéologie
libérale qui mène notre monde commun à
la ruine et mettre à sa place une pratique authentiquement
démocratique. Cela passe par une véritable
révolution qui si elle ne vient pas, sera
remplacée par une véritable réaction.
Ces actes d'agression contre la république sont un
symptôme. Nous habitons un monde en mal de
citoyenneté, de pensée politique, de souffle
démocratique.
L'autorité se dissout. Ce qui n'est pas forcément
un mal. Mais dans ce vide qui s'ouvre s'engouffre toutes sortes de
choses, positives et négatives. A nous d'en faire le tri et
d'avoir le courage de le faire, même si ça fait
mal.
***
Il n'y a pas que nos banlieux. Il y a aussi le vaste monde, les
États et leurs relations internationales : là aussi
ça va mal. Depuis toujours diront certains. Quoi de plus
récurrent que la guerre en effet, sinon l'injustice et
l'inégalité ?
De cet état du monde pourtant, faut-il se contenter ou bien
jamais ? Il y a ceux qui consentent et les autres, pauvres clowns dans
le cirque de l'histoire. Comment sortir de cet enfer ? Surement pas par
la prière !
La logique de l'État c'est la puissance. Et cela dans un monde
ouvert, aux distances quasiment illimitées, ce peut être
un facteur de progrès, mais dans un monde fermé, ce n'est
plus possible. Nous sommes condamnés à nous entendre avec
nos voisins : nous sommes condamnés à partager ce monde
commun, de plus en plus réduit. Car l'espace comme le temps est
relatif. La vitesse et le flux des relations ne cessent d'augmenter.
Peut être d'ailleurs est-on parvenu à un palier
indépassable, une limite absolue. On pourra sans doute
améliorer les moyens de communication actuels, mais pourra-t-on
en inventer de radicalement nouveaux ? Je ne crois pas. L'histoire du
développement mondial s'achève sous nos yeux. Le monde
devient UN.
Cela veut dire qu'il nous faut inventer une nouvelle manière de
faire de la politique, de penser l'État. Et cesser avec cette
obsession de la puissance (nucléaire).
A la place, ne pourrait-on pas commencer à penser la
communauté de l'être ? la communauté mondiale des
États terrestres ?
***
Les questions locales (banlieux en feux) et internationales (guerres)
se recoupent. L'unification du monde est à présent
quasiment achevée. Nous trouverons la solution de nos
problèmes nationaux sur le plan international (et vive versa).