Je suis
un corps |
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Trompettes
L'absolu n'est pas l'État. Il est la part qui revient (le
Capital), qui est due : ce que l'on doit sacrifier.
L'État reste légitime, mais comme simple mode
d'organisation rationnel de la société : ne
jamais confondre religion et politique, comme ce fut le cas dans
l'utopie libératrice du communisme.
Par contre on peut très bien imaginer la
possibilité d'un retour du religieux dans la praxis sociale,
un religieux nouveau, reposant sur des bases rationnelles et fonctionnelles,
débarrassé de la vieille idée des
dieux anthropomorphes, répondant à un besoin
social réel et présent. Cela viendra à
mon avis naturellement, car l'homme a besoin du religieux pour exister
dans le monde et se construire un espace orienté,
ordonné. C'est une dimension maintenant refoulée
ou contrôlée par des églises
angoissées que les anciennes forces du paganisme refassent
surface, mais si le mouvement prend de l'ampleur, rien ne pourra
l'endiguer.
J'annonce la fin des monothéismes conquérants et
guerriers, coloniaux, nationalistes et impérialistes. La
nouvelle spiritualité sera aux antipodes, comme le veut le
mouvement dialectique de l'histoire. Elle sera libertaire,
segmentée et non centralisée, non
systématique, naturaliste, car il s'agit aussi
d'intégrer le cosmos au moyen des mythes et des
représentations sacrées. Les forces enfouies au
fond de l'inconscient, seront libérées, ce qui
doit faire trembler, car ces forces sont terribles. Nous appelons
à une purification des consciences et des corps, qui
permette d'accueillir la vie dans toutes ses dimensions, dans le lieu
que nous habitons. La vie à célébrer
car elle est notre principe, notre cause, notre raison d'être.
Les dieux abstraits, les dieux du père et de la loi,
c'est-à-dire encore de la nation ou de la tribu, les dieux
qui fondent une identité particulière,
supérieure, celle d'élu de dieu, de
béni ou de pur, tous ces dieux seront
dénoncés comme fausses illusions et
rejetés avec force.
Ces dieux se sont nourris du sacrifice des enfants faits au nom du
père, de la loi, de la morale, du bien, de la
vérité, de la nation, du devoir, de
l'obéissance : famille, travail, patrie. Les enfants
sacrifiés ont nourri obscènement la jouissance
féroce du père, des (faux) pères de
l'église, du savoir, de la nation (Pétain,
Hitler, Staline, Mao Zedong...). Mais à présent
cela devient manifeste, cela est
révélé et ne peut plus continuer. Les
geôliers de nos âmes ont perdu leurs pouvoirs
occultes de persuasion : ils sont découverts. Cela signifie
que nous sommes libres.
Nous pouvons alors reprendre contact avec les forces de vie qui nous
traversent et nous donnent forme. Avec elles nous pourrons jeter
à bas le vieil édifice branlant de l'oppression
et de la domination. La nouvelle religion ne servira pas à
monter au ciel, mais au contraire à bien exister sur la
Terre. Car c'est l'être même qui y était
tenu en exil, banni de son propre lieu.
Retour, retour : j'annonce le retour de l'être dans le lieu
terrestre. Préparons-nous à l'accueillir, faisons
lui fête, honorons le : lui le principe
incréé, créateur de toutes choses : le
mystère incarné - souffle et vie.