Au-delà du moi aliéné demeure,
inconscient, le moi absolu. Le moi aliéné est
comme prisonnier de l'ombre. On a interdit au vrai moi de se
manifester. Pour perpétuer le mensonge de l'adulte, on a
sacrifié l'enfant. Car ce qui importe c'est que l'illusion
règne. Mon père se prenait en quelque sorte pour
un maître de l'illusion. Mais pour que sa magie face effet,
il fallait bien sûr renoncer à la
vérité. Je n'étais qu'un instrument
dans ses exercices de séduction. Je n'avais pas droit
à ma réalité.
Ce qui comptait par dessus tout, c'était de faire
impression, de subjuguer l'autre par des artifices, des mensonges, des
pièges.
Complexe de domination. Ou de supériorité. Ce qui
ruine à la racine le rapport social. Vivre ensemble dans un
rapport de respect mutuel, de confiance devient alors
complètement impossible. La méfiance,
l'hostilité, la jalousie, prennent le dessus. La
paranoïa a pris la place de l'alliance comme principe du lien
social.
Or comment se guérir de tout cela ? Est-ce seulement
possible ?
Faire confiance au moi absolu qui est au-delà du moi
aliéné suffirait-il ? L'ombre
aliénatrice est puissante certes, mais toute sa
puissance réside dans la soumission préalable du
sujet à son emprise : dans la reconnaissance de son
autorité.
Par exemple on persuadera le sujet qu'il est coupable, ou qu'il doit se
sacrifier, pour le bien ou même simplement le confort moral
de ses parents. Cela n'est jamais difficile avec les enfants innocents.
Il convient donc d'abord de comprendre la duperie, le mensonge dont
l'enfant a été l'objet. Premier pas pour
s'éveiller à un autre type possible de conscience
et d'être.
La puissance de l'ombre tombe d'elle même lorsqu'elle a
été démasquée. Lorsque son
jeu est dévoilé. Alors guidé par le
moi absolu, le sujet peut devenir un autre, retrouver des liens
positifs avec son entourage. Car en vérité ce qui
est premier, ce n'est pas le lien, le fameux système
familial et social qui commanderait le sujet, réduit
à n'être plus qu'une marionnette. Non, ce qui est
premier c'est le moi absolu, l'individu libre, le sujet concret. Car en
chacun est le mystère incarné, chacun
étant une partie du tout. C'est donc là, dans ce
que j'appelle le moi absolu que sont les forces positives de
guérison et de réalisation de l'être.