Le mythe est un sous des aspects divers. Il est
différencié dans chacune de ses expressions
particulières à tel groupe social, mais comme l'a
montré Levi-Strauss dans ses études
américaines, il existe tout un système de
règles de transformation qui au-delà du sens,
révèlent son caractère
fondamentalement unitaire.
C'est donc d'abord inconsciemment, parce-qu'il est sujet de cette
structure mythique, que l'homme est un par l'esprit et pas seulement
biologiquement.
Cependant, il faut bien prendre acte du passage d'un système
symbolique fondé sur le mythe, à un autre
fondé sur le logos. Ce passage aura duré rien
moins que trois mille ans : il aura d'abord fallu assurer la diffusion
de la nouvelle structure sur toute la planète. Ainsi elle
est devenue à même à son tour de
réaliser spirituellement l'unité du genre humain.
La nouvelle structure, la logique, est contrairement à
l'ancienne, une structure consciente : c'est-à-dire aussi et
là est toute la difficulté, qu'elle doit
être construite consciemment, rationnellement.
En effet, la structure mythique universelle était un
donné de fait. On n'avait pas besoin d'y
réfléchir : il suffisait de l'intégrer
symboliquement par le moyen des rites initiatiques, un peu comme on
passe un habit. Elle était déjà
là, réalité métaphysique
qu'il suffisait d'exprimer. Non que pour cela il n'est pas
été nécessaire de fournir quelque
effort, certains se distinguant par des aptitudes
supérieures dans l'expression et
l'interprétation. Mais enfin il ne s'agissait pas de penser
la structure rationnellement, volontairement, mais plutôt de
l'accueillir passivement. Elle était
déjà là en effet, inscrite dans chaque
forme, chaque dimension de la vie sociale : elle était le
monde. Encore une fois comme une peau ou un habit qu'il aurait suffit
de passer : l'habit d'homme ou de femme accompli.
Or voilà que dans nos sociétés
modernes, un tel confort d'être n'existe plus : sur quoi
fonder l'identité ? De l'abîme produit par la
disparition du mythe sont nés les idéologies
identitaires et le totalitarisme. Mais cela n'était que le
signe de l'immaturité du nouveau système en train
de naître, dans la douleur.
Or je me veux un ouvrier de ce nouveau système : un
accoucheur, à la manière de Socrate. Il s'agit de
fonder la communauté universelle, la communauté
humaine, rationnellement. Un nommé Marx aidé de
son ange (humainement incarné par Engels), a
tenté quelque chose dans ce sens, mais il s'y est mal pris.
Cependant son mérite et son exemple demeurent.
C'est pour cela que je cherche une nouvelle alliance. Non pas une
alliance religieuse dans l'ancien sens du mot, mais une alliance
humaine, rationnelle, concrète. C'est ainsi que j'ai
pensé à l'Alliance du Principe Absolu. Mais cet
absolu j'ai fini après bien des hésitations et
des reniements, à l'identifier avec le principe commun.
Il ne s'agit donc pas d'un monde commun, identifiable avec notre
planète, notre lieu d'habitation naturel, mais d'un principe
métaphysique, abstrait, qui ne peut être
constitué que symboliquement, par un acte de fondation
éthique volontaire. Je vous engage donc à
intégrer, à partager et à défendre cette
alliance que je fonde au nom du principe commun. Et à ainsi
sortir de l'état mythique où jusque là nous
étions.