Antiquitées

La Puissance Absolue
18/10/2006




Les Grecs avaient donné le nom de Zeus,  dieu de l'éclair, à la puissance absolue. Ce n'était pas alors l'Unique, concept apparemment hébraïque. L'absoluité n'était par eux considéré que comme un mode de la puissance et elle pouvait prendre d'autres formes, plus circonstanciées.

L'idée d'un principe unique semble venir en droite ligne des querelles entre sectes concurrentes, chacune prétendant détenir la vérité ultime, à l'exclusion de toutes les autres. On peut s'étonner que des savants comme Freud et d'autres aient pu considérer que l'idée d'un dieu unique soit un progrès dans l'histoire de l'humanité. C'est confondre la victoire d'un modèle de société impérialiste, romain pour tout dire, avec la norme objective qui pour nous n'existe pas.

L'histoire de l'Islamisme est bien sùr différente de toute autre et notamment de la religion chrétienne. Mais il est pourtant évident que Mahomet a désiré trouver une solution finale aux querelles religieuses sur le Principe qui le tourmentaient. Je ne fais pas ici de la mauvaise psychologie, j'essaie simplement de trouver les fondements structurels d'un certain type de discours religieux qui on le voit aujourd'hui abouti à une impasse pour le moins criante.

Or de cette impasse il convient de sortir, en en payant le prix. Le temps des religions universelles est dépassé. Quoi qu'on en dise.

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Le feu en tant que principe absolu s'oppose à la glue et ne peut être conçu en dehors de cette simultanéité dialectique. L'être est un composé dialectique, où l'on retrouve peut-être l'obscur Héraclite qui pensait l'être comme tension dynamique, non comme forme immobile, contrairement à Platon qui nous parait en cela moins futé.

Mais sortons de l'antiquité. Marx avec son discours universaliste a voulu donner la solution de toute contradiction. Ce faisant il visait Hegel et sa dialectique historique. Il s'agissait déjà de trouver le fin mot de l'histoire. Ce fin mot ce ne peut-être malheureusement que le totalitarisme. Mais il a échoué, c'est patent. Quelles que soient par ailleurs ces bonnes intentions dont l'enfer est pavé...

De l'Unique dés lors faut-il faire le deuil ?  Pourquoi pas ? Cela ne nous rendrait-il pas plus "humain" ? Car l'Humain c'est d'abord l'autre, le différent, l'étranger. Et c'est à travers lui que je me découvre. Ce qui nous menace aujoud'hui on le sait ce n'est plus le marxisme, c'est l'uniformisation planétaire, l'éradication de toute altérité ou singularité, comme si l'homme devait être Un. Erreur fondamentale ! Tant qu'il y aura de l'altérité, du multiple, de la différence et des symptômes, il y aura de l'humanité. Quand il n'y aura plus d'Autre il n'y aura plus rien du tout. Car ce n'est que par le contraste que quelque chose existe.

C'est pourquoi aussi bien tout discours suppose à priori son contraire.

Au plan de la structure, il n'y a pas de vérité. La vérité est subjective. Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existe pas. Mais qu'elle suppose un sujet incarné, avec son histoire et tout le bazar. Au plan de la structure, il n'y a pas de sens. C'est en effet au sujet de donner un sens à ce qui autrement n'en a pas en soi. Nous sommes des êtres vivants, pas des entités métaphysiques !

Je ne suis pas relativiste, je ne dis pas que tous les discours sont également légitimes. Mais que personne ne vienne fonder sa vérité sur une réalité métaphysique universelle ! Il faut que chacun prenne la responsabilité de sa position, voilà tout et cela suffit.